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Comment le congrès mondial Inter Noise a choisi Nantes ? Récit d’une candidature audacieuse

International

Publié le 17 juin 2024

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Plus de 1300 spécialistes de l’acoustique sont attendus du 25 au 29 août prochain à La Cité des Congrès pour le congrès international Inter Noise. La venue à Nantes de cet événement d’envergure tient en grande partie à la pugnacité de deux chercheurs, à qui La Cité a apporté son soutien et son expertise.

« On y est allé au culot », reconnait Adrien Pelat.

La venue d’Inter Noise était loin d’être acquise, quand en 2020, l’enseignant-chercheur en acoustique à l’université du Mans décide avec Judicaël Picaut, son homologue à l’Université Gustave Eiffel de Nantes, de porter la candidature nantaise pour l’accueil du congrès mondial en 2024.

Une organisation internationale encadrée

Organisé par la société savante américaine I-INCE (International Institute of Noise Control Engineering), cet événement réunit chaque année depuis 1975 les acteurs de la recherche et de l’ingénierie du bruit. Le congrès se tient alternativement en Europe, en Asie et aux États-Unis à la suite d’un appel à candidatures lancé auprès des associations membres, réparties dans une trentaine de pays. En France, c’est la Société Française d’Acoustique (SFA) qui anime la communauté scientifique et porte les événements du secteur.

L’accueil du congrès par la France remonte à l’année 2000, où 1300 participants s’étaient réunis à Nice. « Des événements internationaux de cette ampleur organisés sur le territoire, on en connait un à deux par décennie », commente Adrien Pelat « Il s’agit d’un événement fédérateur, qui valorise l’acoustique française à l’international et mobilise une partie importante de la communauté scientifique pendant les quatre années de préparation ».

Une candidature ambitieuse, conçue en plein Covid

Lorsque, en mai 2020, I-INCE lance l’appel à projets pour l’organisation d’Internoise 2024, l’épidémie de Covid bat son plein et le confinement est de rigueur. « Préparer un dossier de candidature était une façon de s’extraire du contexte ». Au sein de la SFA, Adrien Pelat s’associe avec ses confrères du GVB (groupe de vibroacoustique et contrôle du bruit), dont il est alors le responsable scientifique, et du GABE (groupe d’acoustique du bâtiment et de l’environnement), pour proposer d’accueillir le congrès en France, et en particulier à Nantes.

Le choix de Nantes s’impose naturellement, par sa proximité avec Le Mans où officie Adrien Pelat, mais aussi parce que le chercheur nantais Judicaël Picaut, membre du GABE, y avait déjà organisé avec succès le congrès Acoustics en 2012. La SFA donne son feu vert projet. Les deux co-présidents montent un comité d’organisation et déposent leur dossier auprès d’I-INCE en juin 2021.

Des compétiteurs imposants

Face à la candidature nantaise, deux concurrents européens postulent : la Pologne et l’Italie.

« Nous partions plutôt challengers que favoris », reconnait Adrien Pelat.

Outre un « très beau dossier », la Pologne bénéficiait d’une règle tacite d’antériorité pour avoir postulé la fois précédente sans être retenue. De son côté, l’Italie jouait la carte touristique, avec la Sicile comme lieu d’accueil. « On a conçu notre candidature sans vraiment y croire et on s’est fait plaisir en proposant tous les ingrédients du congrès idéal. Et on a gagné ! » Dans le contenu comme dans la forme, le congrès imaginé par les deux chercheurs bouscule le format habituel. Alors que le cahier des charges prévoit un événement sur trois jours, le binôme propose de l’étendre à quatre, afin d’intégrer des temps d’échanges entre les présentations scientifiques.
« C’était un peu osé, reconnait Adrien Pelat ».

La Cité, soutien actif à la candidature nantaise d’Internoise

Une audace qui a à la fois enthousiasmé et donné quelques sueurs froides à Léonie Couëspel du Mesnil, en charge de la candidature à La Cité des Congrès. « Les sociétés savantes américaines sont connues pour leurs cahiers des charges et leurs process particulièrement cadrés ».

Face à l’énergie du tandem chercheur, la responsable de développement n’a pas ménagé sa peine pour donner toutes ses chances à la candidature nantaise. Outre la quête de nombreuses lettres de soutien, indispensables pour un projet de cette envergure, elle a poussé loin l’argumentaire du site d’accueil : « La Cité des Congrès bénéficie de qualités acoustiques uniques qu’il aurait été dommage de ne pas mettre en avant. Nos régisseurs m’ont aidée à valoriser ces atouts ». Cette mobilisation a été saluée par les chercheurs : « nous avons eu de nombreuses interactions avec Léonie pour bâtir le projet initial. La collaboration avec La Cité des congrès a été très constructive à toutes les étapes, de la définition à la mise en œuvre du projet. C’est un support très fort et appréciable pour les organisateurs que nous sommes ! »

La réponse favorable par I-INCE à la candidature de Nantes est tombée en septembre 2021, après de nombreuses péripéties. « Nous avons rencontré des bugs de connexion à des moments critiques comme pendant la soutenance », s’amuse Adrien Pelat.

À quelques semaines de l’événement, le projet restera pour les chercheurs, comme pour Léonie, une belle histoire.