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Festival des Utopiales :« Penser d’autres mondes pour imaginer le nôtre autrement »

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Publié le 15 décembre 2025

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Astrophysicien au CEA* et président des Utopiales, Roland Lehoucq revient sur la 25e édition du festival qui a eu lieu à La Cité des Congrès à Nantes, du 30 octobre au 2 novembre. Et si la science-fiction était source d’innovation ?

Le festival vient de célébrer ses 25 ans à Nantes. Comment expliquer son succès ?

150 000 visiteurs en quatre jours : cette effervescence confirme que la science-fiction répond à un vrai besoin d’exploration du réel. Cette année, nous avons aussi célébré la 25e édition nantaise du festival, soutenus par nos nombreux partenaires et le professionnalisme remarquable des équipes de La Cité des Congrès.

En quoi La Cité des Congrès constitue-t-elle un écrin idéal pour le festival ?


Elle offre une unité de lieu parfaite pour cet événement qui accueille des milliers de personnes. Sur place, les visiteurs et les familles peuvent ainsi profiter facilement des nombreuses activités : conférences, tables rondes, ateliers, cinéma, jeux de plateaux ou jeux vidéo, expositions… L’expertise des équipes de la Cité des Congrès est primordiale, car elles sont capables de gérer de grands événements avec des flux importants, tout en assurant une qualité d’accueil irréprochable.

Quel rôle joue la science-fiction dans notre compréhension du monde ?

La science-fiction constitue un répertoire des possibles. Elle met en scène des mondes qui n’existent pas mais qui permettent d’interroger notre monde. C’est une expérience de pensée sociale et/ou politique discutant des conséquences des objets techniques. La science-fiction pose ainsi des questions essentielles sur la coévolution de l’humanité et des techniques qu’elle produit.

Qu’apporte la science-fiction que la prospective classique ne suscite pas ?

Contrairement à la prospective classique qui part du présent pour anticiper le futur, la science-fiction renverse la perspective : elle pose un monde, l’explore et nous renvoie à nos choix actuels. Ce décalage spatio-temporel est puissant. Il permet une distanciation cognitive, un pas de côté qui aide à mieux comprendre notre réalité.

Pourquoi est-ce essentiel de cultiver de nouveaux imaginaires, y compris pour les entreprises ?

C’est crucial dans un monde où la rareté va remplacer l’abondance. Car il est impossible de croître indéfiniment dans un monde fini, aux ressources limitées. En explorant des mondes fictifs, on découvre qu’il existe des alternatives au présent, qu’il n’était pas inéluctable. Cette prise de conscience est primordiale. En nous libérant des contraintes du réel, la science-fiction ouvre de nouvelles voies : elle permet l’agitation d’idées dans un cadre créatif. Elle offre aussi une part d’amusement et d’émerveillement qui favorise l’innovation.

Après 25 ans d’existence, que souhaitez-vous aux Utopiales ?

Qu’elles vivent encore 25 ans, mais autrement ! L’avenir du festival passe par la diffusion d’idées, pas par l’expansion des mètres carrés. Or, contrairement aux échanges économiques, les idées ont cette force particulière : elles se multiplient en se partageant, en s’additionnant !

* Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives.

Article déc 2025 Cécile Roger