Actualités

Notre coup de projecteur sur les régisseurs, ces « artisans de l’ombre »

Publications

Publié le 29 novembre 2021

This page is also available in English English

Régisseur plateau, son ou vidéo, éclairagiste, réalisateur, ingénieur-vision, opérateur média ou synthé…Claudie Arbert, responsable des régies techniques à La Cité des Congrès, lève le voile sur ces équipes de professionnels qui, depuis la « coulisse », œuvrent à la réussite des spectacles culturels et des évènements d’entreprise.

Claudie, quelle est votre fonction exacte au sein de La Cité des Congrès ?

Je suis responsable des régies techniques, un service qui comprend quatre métiers, les régisseurs plateau, lumière, son et vidéo. Cette équipe comprend 12 permanents, complétés selon les besoins par du personnel variable de production, soit un effectif de 50 à 60 personnes potentiellement mobilisables en semaine.

Vous intervenez donc en bout de chaine ?

Oui, nous prenons en charge l’aspect technique des évènements (salles et appareils). En amont, le dossier déposé par un organisateur ou un tourneur culturel est examiné par un régisseur général qui évalue la faisabilité du cahier des charges. Une fois le projet validé, une cellule de « planification » répartit ensuite les missions entre chaque équipe de régisseur, par horaire et par salle réservée.

Justement, vous-même avez été pendant seize ans régisseuse vidéo à La Cité. A quoi correspond ce poste ?

Ils recouvrent plusieurs activités, bien identifiables. Il y a l’ingénieur-vision, responsable du montage de l’installation, du réglage et la coordination de tous les appareils vidéo. Le réalisateur sélectionne les différentes sources à sa disposition, les appareils de prise de vues, les ordinateurs, les duplex, qu’il mixe pour écrire et composer visuellement la communication du client. Les cadreurs, positionnés derrière les caméras, font l’image en direct. L’opérateur média s’occupe des enregistrements et valide l’intégralité de tout ce qui peut être diffusé en live, un film ou un jingle par exemple. L’opérateur synthé crée et envoie les habillages vidéo (titrages, bandeaux et infographies aux couleurs de l’organisateur). Enfin, nous avons intégré dans notre offre un nouveau métier, l’infodécor : il s’agit d’un mode de projection dynamique qui consiste à incruster dans une grande image en 16/9ème un système de fenêtrage sous forme de vignettes.

Comment le métier s’est-il transformé en vingt ans ?

Dans le contenu, rien n’a vraiment évolué. En revanche, la technologie a changé notre façon de travailler : aujourd’hui, les appareils que nous utilisons sont pilotables grâce à des logiciels informatiques, et tous peuvent être interconnectés en réseau dans des espaces différents. C’est beaucoup plus facile aujourd’hui de réaliser des duplex intra-muros, avec une captation d’image dans une salle, et sa retransmission simultanée dans une autre ! D’ailleurs nos permanents exercent une veille technologique : ils se déplacent régulièrement sur les salons pour se tenir au courant des innovations, être toujours à la pointe et force de propositions dans l’achat de matériels et les investissements à réaliser.

Quel impact ces nouveaux outils ont-ils eu sur la manière de travailler la lumière ou le son ?

En matière d’éclairage, la LED a fait son apparition au côté de l’halogène classique et offre un registre plus large de températures de couleurs et la possibilité de moduler les effets plus rapidement. Avec l’automatisation des machines, les temps que nous passions à l’époque au montage et démontage des lumières sont beaucoup moins prépondérants dans nos plannings d’aujourd’hui. Pour le son, la diffusion numérique s’est imposée d’abord dans les Auditoriums de La Cité des Congrès, puis dans nos trois grandes salles de réunion : il en résulte aujourd’hui une restitution plus fidèle et plus propre des signaux. Enfin, le plateau a été équipé de pupitres automatisés qui permettent de mémoriser de nombreuses opérations, même si le métier reste encore extrêmement lié aux procédures d’accrochage et de levage au-dessus des artistes, avec la vigilance que de telles manœuvres impliquent.

On dit souvent des régisseurs techniques qu’ils exercent un « métier de l’ombre ». Cette expression n’est-elle pas un peu réductrice ?

Non parce que ce sont généralement des gens très discrets. Cette qualité correspond d’ailleurs à leur profession : s’effacer volontairement devant l’orateur ou l’artiste qui s’expose sur scène, devant les spectateurs. Et faire le maximum en coulisse pour que la partie visible de la représentation se passe bien. Beaucoup de gens sont d’ailleurs surpris par le nombre important de techniciens qui s’activent en régie, et sa disproportion avec le peu de personnes présentes en plateau.

L’adrénaline est donc indissociable de votre activité ?

Oui parce qu’on sait que, par nature, le direct ne laisse pas de place au droit à l’erreur. Tout doit être répété, anticipé. On n’a pas de méthode pour gérer ce stress, sinon l’esprit de solidarité entre les équipes et la certitude que chacun a de pouvoir s’appuyer sur les compétences de l’autre. Cette émulation permanente, et les notions de service et d’accueil, expliquent sans doute aussi la passion qui nous anime au quotidien.

A quoi ressemble une journée-type ?

Du 15 au 21 novembre dernier, on a joué tous les jours, avec une équipe d’une trentaine de personnes à chaque fois. Pour le spectacle de LaBajon (le 19 novembre dernier, NDLR), une équipe est arrivée à 5 heures du matin pour l’installation et le montage. Elle a été relayée à 15 heures par une seconde équipe qui s’est occupée de la balance, de l’exploitation et du démontage des matériels jusqu’à 1 heure du matin. Quelques jours plus tôt, le 15, La Cité des Congrès accueillait une conférence : les équipes sont arrivées à 10 heures le matin pour tout préparer, soit huit heures avant le début de l’événement.

Justement, dans quelles proportions les régisseurs de La Cité interviennent-ils sur le culturel ou l’événementiel ?

La vidéo est extrêmement sollicitée sur l’événementiel. Le régisseur plateau officie très majoritairement sur le spectacle culturel. Les techniciens son et lumières se répartissent sur les deux terrains, à 50%.